Enjeux miniers et fonciers en Afrique de l’Ouest :
que penser de l’orpaillage ?
En remerciant Migrations Santé qui a bien voulu nous réserver la salle à la Maison des associations du 14ème arrondissement
Michèle Leclerc-Olive viendra nous présenter l’ouvrage collectif « Anthropologie des prédations foncières. Entreprises minières et pouvoirs locaux », paru aux Éditions des archives contemporaines en 2017. Lire l’analyse d’Etienne Le Roy
Cet ouvrage aux douze contributeurs a une histoire singulière qui permettra aux participants de ce samedi du 2 juin d’entrer pleinement dans un aspect méconnu du pillage en Afrique de l’Ouest, des ressources minières avec la complicité des autorités locales africaines.
Si en effet, de nombreux témoignages soulignent, en Afrique Centrale et de l’Est, la collusion des autorités nationales avec les trusts internationaux et la financiarisation des réseaux autour de Toronto, c’est également le cas en Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, si le statut de l’orpaillage y diffère d’un pays à l’autre, en revanche les pratiques tendent à s’uniformiser. Qu’il s’agisse des industries extractives étrangères ou de l’orpaillage sous-régional, dans tous les cas, la protection des ressources naturelles (eau, terre, etc.) est sacrifiée au profit de la rentabilité immédiate : et cette richesse sera sans doute épuisée avant 15 ans. À partir de la description de la situation malienne, cet exposé espère fournir quelques éléments de réflexion sur les questions hautement controversées que suscite l’exploitation artisanale de l’or en Afrique de l’Ouest.
Dans son introduction, Michèle Leclerc-Olive fait la genèse de notre cheminement scientifique bien révélateur des aléas de telles recherches. Nous avions commencé en effet à travailler, à quelques-uns, sur les faiblesses des pouvoirs locaux africains dans des contextes de décentralisation plus ou moins avérée. J’avais ainsi (ELR) repris des travaux déjà discuté lors d’un samedi de REGARDS en 2016 sur la polycratie pour déminer la vraie nature de autorités locales que la terminologie coloniale avait dénommé des chefferies, un terme qui occultait la dimension pluraliste des systèmes d’autorité.
Mais, chemin faisant, mes collègues et amis ont observé une perversion de ces systèmes d’autorité dans les contextes les plus contemporains d’exploitations minières sur toute la bande sahélienne du Sénégal au Tchad, en particulier au Burkina Faso et au Mali où l’or occupe 70% des recettes d’exportation mais représente la 2ème recette en termes d’apport au Produit Intérieur Brut.
Que ce soit dans le contexte des grandes sociétés minières internationales, souvent canadiennes, ou dans le cadre d’un orpaillage local clandestin tant les autorités locales que les réglementations perdent tout contrôle que ce soit en matière de foncier, de sécurité dans les mines, de recrutement de la main d’œuvre au détriment de l’agriculture, de la répartition des gains, des effets sociaux secondaires (alcoolisme, prostitution féminine ou masculine, guerres de gangs) etc.
Une situation pire que le grand Ouest américain car ici la dégradation des environnements et des sociétés peut être irréversible et il n’y a pas de plan B pour sauver les femmes et les hommes des catastrophes qui s’annoncent.
Etienne Le Roy
Programme
Michèle Leclerc-Olive, chargée de recherche HDR en sociologie
Nous avons beaucoup regretté l’absence d’Etienne Le Roy, empêché.Ecouter les enregistrements
Présentation de Michèle Leclerc-Olive:
Débats : enjeux miniers au Burkina Faso et en Guyane:
Tout savoir sur le cyanure utilisé par les industries minières
Et sur le mercure utilisé par les orpailleurs
Une intervention éclairante de Mathieu Boche: les « communs » constituent-ils une solution aux problèmes fonciers du Mali ?
Photo Burkina Emine
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