Vendredi 6 mars 2026 : à propos du livre Grandir avec le vivant : Flore et faune dans les rites de passage

Les samedis de REGARDS
Repenser et Gérer l’Altérité pour Refonder la Démocratie et les Solidarités
Vendredi  6 mars 2026 de 18h00 à 20h30 en visio exclusive

A propos du livre Grandir avec le vivant : Flore et faune dans les rites de passage

Publié récemment par l’équipe du MINEA de l’université de Guyane (sous la direction de Sébastien Chapellon et Jocelyn Lachance) ce livre envisage le rôle de l’utilisation de plantes et animaux dans les rites de passage à l’œuvre dans différentes cultures. L’hypothèse travaillée ici est que cette mobilisation de l’environnement permet de développer une conscience écologique plus profonde qu’en milieu urbanisé déconnecté de la nature, mais aussi privé de telles ritualisations. Plusieurs expériences sont ainsi décrites dans des milieux divers (Afrique, Océanie, Amazonie), toutes ayant en commun de créer un contact étroit entre les personnes et des éléments de la nature. L’exemple le plus frappant est celui du rite du Gol en Océanie requérant un choix judicieux de lianes et leur séchage précautionneux avant de se lancer dans le vide, avec leur seul lien pour retenir la chute. Toute erreur est mortelle et ces choix et décisions nécessitent de parfaitement maitriser son environnement.

Passionnante aussi est l’expérience décrite par Chô Ly des Hmongs ayant migré du Laos dans les années 1970 en particulier en Guyane, adaptant dans un autre milieu (parfois urbain, et ici tropical) leur rapport à la faune domestique et à leurs chairs porteuses d’esprits, insistant en conclusion sur l’évolution du rapport au savoir des jeunes générations qui veulent avant tout trouver une explication rationnelle aux pratiques traditionnelles.

Quelle ritualisation pourrait être imaginée dans le monde occidental urbain ? De fait, la rupture urbaine avec le vivant est peut-être plus apparente que réelle car elle engendre non pas une totale stérilisation des rapports avec la nature mais une autre façon de les fantasmer. Les usages décrits dans le livre attribuent certaines qualités au vivant (herbes et animaux) qui vont au-delà de leur perception brute pour imaginer ce qu’ils attendent de leur usage : plaisir, sécurisation, voire douleur dans les rites de passage. Phénomène fantasmé au même titre que l’enfant urbain qui élève un cochon d’Inde, visite un zoo, cueille une pâquerette, promène le chien de sa grand-mère, écrase un moustique, se fait piquer par une guêpe ou cajole un nounours.
La réunion commencera par décrire quelques unes des différentes expériences avant d’aborder la question de ce que ces projections de la nature engendrent au XXIème siècle occidental. Car en dépit de toutes les rationalisations technico-scientifiques qui prétendent éliminer la notion même d’illusion et de rêve (tout en les convertissant en espèces sonnantes et trébuchantes), l’être humain reste fait de chair et de sang, de sécrétions et d’odeurs et est contraint, quels que soient ses désirs ou ses dégoûts, gérer avec son imaginaire cet état de fait, celui de « nature ».
Les jeunes franciliens en sont toujours très conscients et se bricolent des méthodes d’apprentissage avec des produits le plus souvent naturels plus ou moins licites, mais en l’absence de rite structuré. Et qui dit bricolage dit errements mais aussi coups de génie que ce croisement de regards de part et d’autre de l’Atlantique peut sans doute éclairer.

Pour des raisons de décalage horaire (Chô Ly étant en Califormie et Sébastien Chapelon en Guyane), la réunion est exceptionnellement programmée le vendredi soir de 18h00 à 20h30 et en visio exclusive  (pas de présentiel)