Les samedis de REGARDS
Repenser et Gérer l’Altérité pour Refonder la Démocratie et les Solidarités
Samedi 16 mars 2024 de 10h00 à 12h30
En hybride : Nous renouons avec le présentiel en se retrouvant à la Brasserie La fontaine St Michel 11 place St Michel 75006
(Chacun paie sa consommation)
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Les questions posées par les « mineurs non accompagnés »
L’appellation administrative de « Mineurs non accompagnés » (MNA) recouvre de nombreuses réalités qui posent des questions très différentes aux acteurs institutionnels. Auparavant dénommés « Mineurs Isolés Etrangers », ces MNA sont en réalité toujours des étrangers en situation irrégulière, les adolescents fugueurs ne rentrant pas dans cette catégorie. La loi prévoit que tout mineur en situation de danger soit suivi par l’Aide Sociale à l’Enfance, ce qui est loin d’être le cas. Les identifications, les délais d’instruction, les doutes sur l’âge réel de ces MNA provoquent de nombreux retards, les laissant à la rue jusqu’à ce que leur situation soit clarifiée (les estimations oscillent entre plusieurs dizaines et quelques centaines en Ile de France). Une fois pris en charge, leurs rapports avec les acteurs des diverses institutions sont très variables, allant de la pure prise en charge universaliste (soins somatiques) jusqu’à une relation quasi affective dépassant les cadres normatifs habituels.
Une première catégorie de question est le nombre de ces MNA et leur statut de protégé ou non par l’ASE. Aucune véritable statistique n’est disponible et les chiffres sont des estimations au doigt mouillé.
Une deuxième catégorie de question relève des dispositions juridiques menant à l’inclusion ou l’exclusion des personnes de ce statut privilégié. Sur quelle base le diagnostic d’âge est-il certifié? Les radiographies osseuses ont démontré leur faible fiabilité mais continuent d’être mises en œuvre. Une fois ce diagnostic effectué, quelle prise en charge?
Ce qui amène à la troisième catégorie de questions quant à la santé somatique et mentale de ces MNA. Une excellente revue de la littérature avait été effectuée par Christophe Picot, participant au DU Santé de migrants en 2021 permettant de préciser ce que l’on sait à leur sujet.
Enfin une quatrième catégorie de questions touche directement les sujets de REGARDS en ce que les interactions entre ces MNA et les acteurs des secteur sanitaire, social et éducatif sont l’objet de très grands objets d’enjeux interculturels: Les questions de génération bien entendu, non exclusives de MNA, celles du genre, mais aussi de culture importée en l’occurrence la place du jeune au sein de l’environnement social et familial représentée de part et d’autre de la relation, et influencée par l’expérience de la vie dans la rue, étudiée depuis les années 90, première décennie de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.
Comment ces jeunes ont-ils été socialisés (puis désocialisés par le processus migratoire), et comment cette socialisation intériorisée par les jeunes est-elle perceptible, perçue et intelligible par les acteurs français institutionnels ? Plusieurs formations et interventions soulignent la nécessité de prendre en charge le traumatisme subi par ces adolescents, mais cette prise en charge contribue-t-elle véritablement à la résilience? Questions qui étaient déjà posées en 2005 à l’égard des enfants des rues.
Rapport du Comède et de Médecins sans Frontières sur la santé mentale des MNA