2009, année Darwin, a fait l’objet de la première humeur de l’année. Mais ce n’est pas fini, le darwinisme abusif sévit toujours.
Aperçu au détour du numéro de Courrier International de la semaine, cet article, tiré de Die Welt, et qui n’est pas disponible en ligne, ce qui est peut-être un signe. Comme toujours dans ce type d’article, le ton est badin, les références anglosaxonnes, le propos sérieux, et on ne peut bien identifier si les errances sont le fait du journaliste ou reflètent fidèlement celles de l’auteur cité.
Des traces humaines permettant d’extrapoler une vitesse de course, pourquoi pas ? On le fait bien avec les dinosaures. Des calculs savants sur ce que ces Néandertaliens donneraient sur les stades modernes, oui bon, le tableau reste un peu comique, et certains dessins animés se sont déjà servis de ce gag (avec ou sans dopage?). Mais voilà soudain les Tutsis qui déboulent au détour d’une phrase, propulsés titulaires du record mondial du saut en hauteur « lors de cérémonies rituelles » (les jeux olympiques pan africains déjà ?), sur la base de clichés d’anthropologues de la fin du XIX°. Je ne savais pas qu’on pouvait franchir un record sur des photos sépias. Et quel est le rapport avec Neandertal ? On n’ose comprendre le rapprochement. Dans l’imaginaire de McAllister, des Tutsis, au passage (hasard ?) recordman avec leurs collègues hutus de la haine médiatisée au plan mondial, qui sautent pendant des cérémonies rituelles, devant des ethnologues médusés, sont-ils si proches de Neandertal ? Certaines survivances pré-humaines ?
Pourtant, ce n’est pas fini, car voici venir les romains marcheurs, puis les grecs rameurs, dont les relations avec Neandertal apparaissent tout autant éloignées. Avant de revenir à Madame Neandertal, qui serait championne toutes catégories du bras de fer ! Mais le pire reste à venir, avec cette « règle d’or » qui voudrait qu’on soit grand là où il fait chaud pour dégager de la chaleur, et petit là où il fait froid ! Retour à la case fonctionnaliste du XIX° siècle qui voulait que le climat façonne les corps et les intelligences, fonctionnalisme que l’on croyait pourtant bien dépassée au XXI°… Dans l’affaire, les Pygmées, les Bushmens, sont ils des erreurs de l’histoire évolutionniste ou bien ont-ils eu le mauvais goût de ne pas lire McAllister du haut de leur mètre vingt ? Tout comme les Vikings, géants du froid qui terrorisaient l’Europe du IX° siècle ?
Comme toujours dans ce genre de production, in cauda venenum, dans la queue le poison. « Les chances d’accouplement ne dépendent plus de nos qualités de chasseurs mais du montant de notre salaire. » Je retiens un juron ! Je suis vraiment mal parti ! Mesdames, est-il bien vrai que seul le compte en banque vous sert de sex appeal et favorise l’accouplement, source de progéniture nombreuse et robuste ? Il m’avait semblé que cette vision de la femme, à part quelques tropéziennes marginales, vous était quelque peu insupportable… A moi aussi du reste, et mes enfants vont bien, merci pour eux…
Sauf que je m’inquiète de plus en plus pour leur génération. Ce retour du darwinisme humain qui, de proche en proche, renouvelle la gradation des êtres humains, a en ligne de mire, les gènes, le déterminisme et l’eugénisme. Comment dans ce cadre faire de l’interculturalité si la taille est réputée être liée à la température, la fécondité au compte en banque, la sexualité à la génétique, bref si toutes nos caractéristiques nous échappent et appartiennent à la Science ?
Au secours Darwin, reviens leur dire que tu prêchais exactement l’inverse !
Poster un Commentaire